Ce que, dans le langage de Saint-Saëns on devait appeler une rêverie solitaire.
Elle se promène au milieu des senteurs de la provence. Seule. Le vent léger estompe la chaleur lourde du soleil estival. Aucune âme humaine en vue, seules les cigales prétendent encore s'exposer au soleil. Elle a une musique dans la tête. Une musique tellement belle qu'elle lui fait oublier les gouttes de sueur qui perlent sur son front. Les rubans de son chapeau sont retombés. Plus aucune trace du vent.
Elle continue à marcher. Son voyage au milieu des oliviers lui rappellent des souvenirs d'enfance. Des souvenirs qui ne lui appartiennent pas, mais qu'elle sent gravés en elle.
Des images lui viennent. Tableaux aux couleurs chatoyantes, guépardesques, représentant des animaux aux pelages fauves, côtoyant des gens de cour d'un siècle passé, habillés eux aussi avec les mêmes couleurs chaudes et rassurantes. Les moindres détails sont soignés, à la manière d'un peintre italien. Eventails, motifs des tissus, expressions des visages... Elle a envie de rentrer dans le tableau, de s'incorporer dans cette ambiance si rassurante.
La petite musique continue en boucle dans sa tête. Elle s'assoit, le dos appuyé sur le tronc d'un olivier. Elle veut pleurer, rire, crier qu'elle est tellement heureuse d'être là. Seule.
((...))
Un rayon de soleil caresse son front paisible. Elle s'est endormie.
Il faut revenir à la réalité...réveille-moi ==> Rêve encore. <==