Dimanche. 3h42. Je dois me réveiller dans un peu moins de trois heures, et pourtant, je n'arrive pas à garder le sommeil. Mon corps ne veut pas dormir. La ville est déserte, c'est l'hiver, il fait encore nuit, il pleut. Et nous, on va passer notre journée à la piscine. Pas dans la piscine à vagues, mais dans le grand bassin. L'air blasées, mais complètement stressées de l'intérieur, ça nous ronge, il faut agir. Allez, on bouge, on s'étire, mais surtout, ne pas réfléchir plus qu'il n'est nécéssaire. Pour que le stress soit utile. Tout le monde est dans le même cas: un dimanche matin, dans une piscine loin de tout, sous un temps baroque. Et pourtant, on va s'affronter, indirectement, individuellement. Ce que l'on en retient, c'est généralement l'attente. Pour un programme d'une minute et 4 figures imposées, l'attente interminable, pendant laquelle on observe, on se concentre. Toujours les unes contre les autres, mais dans le même objectif. Paradoxe de la compétition. Toutes les mêmes, et pourtant, une note fera la différence. On a froid. En attendant, on fait toujours des choses inutiles, mais rassurantes; on saute, on s'échauffe, on fait tourner furieusement ses bras, on gigote, on s'étire, ... On ne pense qu'à ça. Cet instant qui va passer si vite, pendant lequel on fera tout ce qu'on pourra pour plaire aux juges. Pendant lequel on ne s'appelera plus pas notre prénom, on n'appartiendra à aucun club. Juste des bras, des jambes, un numéro. Un sourire. Soi-même. C'est notre corps, boosté par le stress, l'adrénaline, sur lequel on force, on tire. On le pousse à bout. C'est après, seulement après l'annonce des résultats qu'on pourra le remercier, tout relâcher. Et au final, on pense déjà à la prochaine fois.

Quelques instants de bonheur stressant, pour combien d'heures d'entraînement.

Et pourtant, on y prend goût, on est dans un microcosme agréable. On connaît certains visages, on a nos rituels.

Photo: Imposées socle 2, Massy.

Synchro life.

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